René Boivin : L'audace et l'élégance intemporelle en joaillerie
René Boivin, un joaillier visionnaire au service de l’audace et de la modernité
Jules René Boivin est né à Paris en 1864. Issu d’une famille de drapiers, il débute son apprentissage auprès de l’un de ses frères devenu orfèvre. En 1890, il fonde sa propre maison de joaillerie éponyme. Dès les premières décennies du XXᵉ siècle, il s’impose comme une figure majeure de la haute joaillerie française, réputée pour son style audacieux et novateur.

Les débuts et l’alliance familiale
En 1893, Boivin décide de s’installer au 38 rue de Turbigo, après avoir acquis plusieurs ateliers et assemblé une équipe d’artisans. Cette même année, il épouse Jeanne Poiret, sœur du couturier Paul Poiret. Ensemble, ils forment un duo complémentaire : René dessine et supervise les pièces, tandis que Jeanne gère les relations clients et façonne l’image de la maison.
La continuité assurée par Jeanne Boivin
À la mort de René en 1917, c’est Jeanne qui prend les rênes de l’entreprise, assurant sa continuité avec audace et modernité. Elle déplace les ateliers à l’avenue de l’Opéra et fait appel à André Groult, son beau-frère, pour tout décorer. Le Salon Boivin, adjacent au studio, devient un lieu de rencontre populaire, fréquenté par des figures mondaines telles qu’Hélène Rochas, Elsa Schiaparelli ou Lady Diana Cooper.

Un style audacieux et novateur
Les créations de René Boivin se distinguent par leur audace : il s’éloigne des lignes sinueuses classiques de l’Art nouveau et puise son inspiration dans l’Orient, l’Asie et l’Antiquité. Il privilégie les commandes sur mesure et n’hésite pas à transformer les anciens bijoux de ses clientes en pièces nouvelles, expressives et puissamment structurées.
Innovations matérielles
Pionnier dans l’usage de combinaisons inédites de matériaux, René Boivin mêle l’or avec des matières peu utilisées à l’époque comme le bois, le cristal de roche ou l’agate. Il valorise également les pierres dites semi-précieuses — citrine, améthyste, topaze, aigue-marine, lapis-lazuli — qu’il intègre à des créations sculpturales à fort caractère.

Jeanne Boivin et l’émancipation féminine
Féministe avant l’heure, Jeanne Boivin valorise les talents féminins dans un univers encore dominé par les hommes. Elle engage des artistes comme Juliette Moutard, connue pour ses broches poissons, coquillages et motifs floraux, ainsi que Suzanne Belperron, qui rejoint la maison en 1919 et en devient directrice artistique en 1924. Belperron impose un style audacieux, sensuel et organique, parfaitement en phase avec la femme moderne des années 1930.

Héritage et postérité
En 1991, la maison René Boivin est rachetée par la maison Asprey, basée à Londres, qui finit par la fermer quelques années plus tard. Aujourd’hui, les bijoux Boivin — souvent non signés par choix — sont activement recherchés par les collectionneurs et experts du monde entier. Jeanne Boivin refusait de faire graver les créations du nom de la maison, estimant qu’« une belle pièce n’a pas besoin de signature ». Ce choix renforce encore la rareté, l’élégance discrète et la légende de ces œuvres joaillières d’exception.
